Accepter la différence

Un texte de Claude Cobut, directrice de la Maison d’accueil spécialisée Alain Raoul Mossé
(décembre 2010)
 

Le polyhandicap est un ensemble de handicaps physiques, mentaux, psychologiques et touche toutes les sphères de la personne atteinte : la gestuelle, le comportement, la communication, l’expression, les relations sociales, la compréhension du monde. Ce sont des personnes souvent en fauteuil roulant, qui portent coques et corsets, pour leur permettre de ne pas trop souffrir des déformations de leur colonne vertébrale. Généralement, les médecins arrivent à mettre un nom sur les maladies et à proposer des moyens pour en ralentir l’évolution. Il faut aussi savoir que certaines maladies n’ont pas encore de nom. Mais celui qui en souffre, il a un nom, lui. Et c’est à lui que les équipes éducatives s’adressent. Il faut se souvenir que toute l’organisation du monde est faite pour un bipède nanti d’une normalité verticale, qui voit, entend, parle. On n’imagine pas combien le monde est handicapant quand on est handicapé, alors que dire du polyhandicapé ? Il se retrouve mis en échec dans tous les gestes de la vie quotidienne, dans toutes les situations de la vie sans exception.
On pourrait croire que la personne mise en échec ne se rend compte de rien, puisque son niveau intellectuel ne lui permet pas de comprendre ce qui se passe. Qu’on se détrompe. Nous savons que ces mises en échec à répétition peuvent avoir de nombreuses conséquences sur leur comportement. Ou plutôt, nous savons ce que cela leur fait de ne pas être mis en échec.
Nous travaillons dans une dynamique de l’inclusion de la différence, c’est-à-dire permettre aux personnes différentes de vivre dans la société, dans la ville et d’y être acceptées comme telles : différentes.

L’OMNI n’a rien à voir avec un instrument de musique conventionnel : il n’est pas handicapant, contrairement aux autres instruments de musique qui, tous, exigent un savoir-faire et un savoir-être difficile à atteindre pour une personne polyhandicapée. Avec l’OMNI, on peut jouer assis, debout, assis dessus, avec les mains, avec les pieds. Et cela, ce sont les jeunes qui l’ont fait apparaître. Il faut accepter de jouer le jeu avant de pouvoir jouer de la musique. Jouer le jeu, c’est aller régulièrement à la Maison des métallos. Ce lieu ouvre ses portes à toutes les différences et leur donne en quelque sorte droit d’asile. Jouer le jeu, c’est aussi compter sur une équipe éducative très engagée dans ce projet et qui tient magnifiquement la route.
Nos objectifs étaient de proposer une activité nouvelle, rythmique et musicale, à un maximum de jeunes et de nous ouvrir vers le quartier dans lequel nous sommes implantés. C’était aussi de travailler en collaboration avec la Maison des métallos, lieu d’inclusion parfait, à portée de jambes et de roues. Puis, ce sont les jeunes qui, jouant et s’investissant comme vous allez le voir, nous ont montré que nous pouvions attendre d’eux plus, bien plus. Le point commun entre ces expériences et ce qui se passe au Centre Raphaël et à la nouvelle Maison d’accueil spécialisée de la rue Piat se joue sur l’image de soi : tout à coup, on fait quelque chose dont on est fier, on est écouté, entendu, respecté.
 

Claude Cobut, directrice de la Maison d’accueil spécialisée Alain Raoul Mossé
décembre 2010

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Performance musicale et chorégraphique expérimentale tous publics conçue par Patrice Moullet, Fractales est un moment onirique qui met en valeur la performance de plusieurs jeunes polyhandicapés accompagnés d'artistes internationaux. Un concert insolite qui montre toute la richesse de ces jeunes et met en partage leur force de vie.