Singulier parcours que celui de Claude Iverné : après avoir débuté dans le milieu de la mode puis celui de la presse, il découvre le Soudan et change de cap vers une pratique autonome de la photographie, plus proche des sciences sociales. La connaissance intime que cet arabophone acquiert des territoires traversés et des peuples rencontrés, notamment au Darfour, contraste avec l’image qu’en donnent
la plupart des médias. L’artiste pose d’emblée la question de la représentation par un mur couvert d’articles sur le Soudan, issus de la presse internationale et de publications scientifiques.
Le visiteur accède à l’exposition par un sas symbolique :le champs médiatique se trouve, par un effet de miroir, relégué en coulisse. On pénètre alors dans un unique espace vaste, à l’instar des terres soudanaises : la scène réelle, lente, presque immobile et silencieuse du pays.
Les photographies de Claude Iverné – paysages, portraits et habitats – y dressent des typologies et s’enchaînent dans un ensemble au fil narratif potentiel. Libre au visiteur de reconstruire l’histoire selon sa propre réception des images. L’artiste questionne ainsi nos codes et standards de représentation, et l’usage contemporain du terme « documentaire ».