Les journaux sont remplis d’histoires dans lesquelles s’expriment l’intolérance qui s’installe, l’injustice et la violence qui minent le quotidien, les limites derrière lesquelles on se protège de l’autre. De ces journaux, de leur matière même, et sous les yeux des spectateurs, Pierre Gatineau, seul en scène, façonne les personnages de ce spectacle en une vingtaine de tableaux qui sont chacun centré sur l’un des thèmes qui constituent la trame de Limites : un territoire dévasté, l’exclusion, la tentative du partage...
Il utilise l’eau en tant que matériau de transformation qui offre une seconde vie à ces journaux : immergé, trempé, le papier est moins résistant, il devient malléable, silencieux. Il change de texture, il est voile léger, tissu translucide, forme poétique qui raconte la fragilité des personnages, leurs déchirures, leur mal-être. Du froissement et du déchirement du papier, de la fragilité de ces héros éphémères naît un texte minimaliste qui laisse jaillir l’émotion.
Pierre Gatineau aborde l’espace théâtral comme un laboratoire où observer la relation entre le corps de l’acteur et les matières en mouvement (papier, argile, eau, feu, etc.). Résolument contemporain, ce théâtre d’objets éphémères propose une poétique de la matière, où le corps de l’acteur et la matière en mouvement créent de nouveaux espaces de jeux pour mieux faire entendre les mots, les sons, le texte.