Ce premier volet du triptyque "Écris-moi un mouton" – qui peut se voir séparement et même dans le désordre – suit la trace d’anciens appelés de la guerre d’Algérie et laisse aller le cri d’un passé où les femmes ont vu leurs hommes prendre un fusil, où les frères sifflent un au-revoir, où les sœurs rêvent d’un pays lointain et tellement proche à la fois. C’est du théâtre d’objets fabriqué à force de souvenirs, d’évocations et d’images en noir et blanc, un spectacle-mémoire. Le passé, le présent et l'avenir constituent les trois volets de ces spectacles autour du lien franco-algérien.

La compagnie Arnica construit son théâtre par des rencontres avec les habitants, sur les routes, dans les repas de quartier et aux comptoirs des cafés. Pour cette trilogie, ce sont les souvenirs de la guerre d’Algérie qui ont résonné aux oreilles d’Émilie Flacher, metteure en scène. La parole de ceux qui ont vécu cette guerre pouvait enfin se libérer par bribes, cinquante ans après le conflit. Des bribes que l’auteur Sébastien Joanniez capture comme des bulles et dont il nourrit son écriture. Anciens combattants, rapatriés, Français, Algériens, hommes, femmes, immigrés, enfants et petits-enfants d’immigrés, acteurs
ou héritiers d’une histoire familiale… la mémoire de la guerre d’Algérie traverse la mémoire collective. Écris-moi un mouton dessine une vision grinçante sur l’avenir de l’idéal républicain.