Il y a des zones de la société qui nous semblent encore interdites, car méconnues, occultées par l’image qu’elles reflètent dans l’inconscient collectif : désespoir, malheur, détresse... qu’il s’agisse d’hôpitaux, de camps de réfugiés, de centres d’accueil spécialisés. Ces « territoires d’urgence » demeurent, pour les personnes qui s’y retrouvent, anxiogènes et excluants. Pourtant dédiés aux soins, le personnel hospitalier, les éducateurs, se sentent parfois démunis pour panser les plaies de l’âme. C’est alors que l’art se propose de prendre le relais: des artistes s’intègrent à l’équipe médicale et éducative tel un maillon de la chaîne et amènent un souffle nouveau dans les relations humaines, par le partage du sensible et l’invitation à l’imaginaire.
Certains de ces artistes engagés font place nette au rire à l’instar des Clowns sans frontières, d’Emma la clown, ou des comédiens du Rire Médecin qui nous offrent un spectacle théâtral, Hors-Piste, sur leur travail de clowns à l’hôpital, comme sur la photo ci-dessus. D’autres, comme Patrice Moullet et son projet Fractales, permettent à des adolescents polyhandicapés de créer une performance onirique et musicale, ou d’autres encore, comme l’artiste Woudi-Tat vont à la rencontre de personnes isolées en leur proposant des Rencontres sensibles qui conjugent le toucher et les nouvelles technologies.
Les artistes, en hybridant les genres, créent de la porosité entre les mondes, et mettent ainsi en défaut un schéma réducteur. Forts d’un puissant désir d’altérité, ils donnent ce qu’ils ont de plus précieux, leur art, et nous ramènent par leurs créations à nos fondamentaux... la vie tout simplement.